Situé à l'est de Besançon, le quartier des Vaites illustre bien le défi de concilier nature, urbanisation et nouveaux usages de l’espace public. En bordure directe de la ville, ce secteur abrite plusieurs lacs artificiels créés dès les années 1980 pour la régulation de la rivière la Vaîte. Ces plans d’eau sont devenus au fil du temps des lieux de vie, de balade, de pêche et d’observation de la biodiversité (source : Ville de Besançon).
Au cœur de la stratégie urbaine, une question revient : comment aménager ces berges pour favoriser ce qu’on appelle la mobilité douce, c’est-à-dire les déplacements à pied, à vélo, en fauteuil roulant ou avec poussette, tout en préservant les écosystèmes aquatiques et l’expérience des usagers (promeneurs, sportifs, pêcheurs) ?
Le concept de « mobilité douce » regroupe l’ensemble des modes de déplacement non motorisés : marche, vélo, trottinette, rollers, fauteuil roulant, etc. Sur les berges, l’objectif est double :
Ainsi, tout aménagement se doit de faciliter la circulation fluide, d’éviter les conflits d’usages (notamment entre cycles et piétons) et d’intégrer les pratiques déjà en place, comme la pêche ou la balade avec chiens.
Les berges des lacs des Vaites n’ont pas toujours été des modèles d’accessibilité. Jusqu’en 2012, sentiers vaseux, bordures instables et zones marécageuses rendaient la balade compliquée, surtout l’hiver ou après de grosses pluies (source : Ma Commune Info).
Depuis dix ans, plusieurs étapes :
Ces travaux ont été en partie financés par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et la Ville de Besançon, pour un coût global de 730 000€ sur la période 2013-2021 (source : Ville de Besançon).
Le choix des matériaux conditionne la durabilité et l’impact écologique.
Certains tronçons connaissent tout de même une dégradation rapide lors de grosses crues ou d’entretien insuffisant ; une vigilance est donc constante sur l’entretien (source : Ville de Besançon).
Les passages les plus raides disposent de rampes à moins de 5% de pente, bordées de main courante.
Plus de 14 points d’entrée sont recensés sur la zone des lacs pour rejoindre la rocade, le quartier ou les écoles alentour.
L’usage partagé a exigé une adaptation constante, notamment pour la cohabitation avec les pêcheurs. Sur le grand lac, la fédération de pêche du Doubs a obtenu la création de 8 postes accessibles en bordure des chemins, spécialement dédiés (afin d’éviter les croisements dangereux entre pêcheurs installés et piétons/cyclistes).
Dans des enquêtes de satisfaction, 87% des usagers évaluent positivement l’aménagement général, bien que 42% citent, en saison haute, un certain « engorgement » sur les points les plus fréquentés (source : enquête Ville de Besançon, 2022).
Favoriser la mobilité douce ne rime pas avec artificialisation brutale. Le projet des lacs des Vaites a donc intégré une logique de « trame verte et bleue » :
Les impacts positifs se confirment sur le terrain : retour du triton crêté observé depuis 2020, présence régulière de milans noirs et d’une colonie nicheuse de hérons cendrés (source : LPO Franche-Comté).
Des aménagements légers, comme des supports pour cannes à pêche en bois local, sont installés uniquement sur la moitié aménagée, l’autre restant volontairement plus sauvage.
Malgré ces réussites, certains problèmes sont pointés par les associations :
En 2024, la Ville de Besançon a prévu une extension du maillage cyclable entre les lacs et la passerelle Jean-Minjoz, en lien avec le schéma directeur cyclable de l’agglomération. Deux nouvelles aires d’arrêt-vélos, avec station de gonflage et kit d’outils, sont aussi prévues.
Le plan de gestion 2025 prévoit également une extension du dispositif de points d’observation ornithologique, ainsi que la poursuite de la végétalisation sur certains ouvrages maçonnés.
L’expérience des Vaites est souvent citée par les acteurs de l’aménagement urbain (notamment lors des Rencontres nationales des acteurs du vélo 2023 à Dijon) comme un exemple d’équilibre entre mobilité douce, loisirs, accessibilité et protection écologique.
L’aménagement des berges des lacs des Vaites montre que la mobilité douce n’est pas qu’une mode : c’est une façon d’habiter différemment la ville, de mieux vivre l’espace public en respectant la nature et les autres usages. La dynamique est lancée… et incite d’autres quartiers et villes à s’en inspirer.