Les lacs, atouts naturels et humains pour l’écoquartier des Vaites

Un quartier sous le signe de l’eau : la spécificité des Vaites

Ancré au nord-est de Besançon, l’écoquartier des Vaites est un projet urbain qui veut allier développement urbain raisonné et valorisation du patrimoine naturel. Sa situation, à proximité directe de la forêt de Chailluz et des axes naturels qui relient la ville à la nature, en fait un territoire où l’eau est omniprésente. La question des lacs, comme leviers d’attractivité paysagère, s’y pose tout naturellement.

À l’échelle européenne, un site comme celui des Vaites s’inscrit dans les grandes tendances urbaines actuelles. Les aménageurs cherchent à exploiter la trame bleue (cours d’eau, rivières, plans d’eau) pour réintroduire la nature en ville et offrir un cadre de vie attractif face au vieillissement des villes bétonnées (source : Cerema).

L’eau, un vecteur de paysage et de valeur identitaire

La création ou la restauration de lacs urbains ne se limite pas à la simple présence d’eau. Elle modifie en profondeur la perception du quartier :

  • Effet miroir : Un plan d’eau élargit, par un jeu de reflets, l’espace visuel. Les couleurs du ciel, les silhouettes d’arbres, les immeubles, tout se reflète et fait respirer le quartier.
  • Marqueur de territoire : Comme le lac du Parc de la Villette à Paris ou le lac d’Annecy en cœur de ville, une pièce d’eau dessine une identité forte. Elle devient un point de repère, une carte postale vivante.
  • Saisonnalité : Le paysage du lac évolue toute l’année. Brouillard d’automne, lumière crue d’hiver, floraisons printanières, agitations estivales… Ce cycle naturel évite la monotonie visuelle d’un quartier trop figé.

L’apport des lacs ne se voit pas seulement, il se vit. Selon une étude d’Interreg Europe, les habitants installés à moins de 300 mètres d’un plan d’eau urbain sont 40 % à se déclarer plus satisfaits de leur environnement que ceux vivant dans le même quartier sans accès visuel à l’eau (source : Interreg Europe, Urban Green and Blue Infrastructure, 2021).

Augmenter la biodiversité, soigner le tissu vivant urbain

Un écoquartier, ce n’est pas qu’une affaire de label vert ou d’immeubles à basse consommation énergétique. C’est aussi, concrètement, un objectif de reconquête de la biodiversité urbaine. Les lacs y jouent un rôle moteur :

  • Zones refuges : Ils accueillent faune aquatique (oies, colverts, libellules, amphibiens) et flore (joncs, iris des marais, nénuphars), que les espaces secs de la ville repoussent. Sur le site pilote de la ZAC de l’île de Nantes, la création de deux lacs a permis de quadrupler la population d’amphibiens en 5 ans (source : Nantes Métropole, Rapport biodiversité 2021).
  • Trame bleue et coridor écologique : Les lacs relient les habitats naturels existants, favorisant le déplacement des espèces. Un maillage qui compense les « barrières » créées par la route ou le bâti dense.
  • Services écosystémiques : Filtration des eaux urbaines, amélioration du microclimat, stockage temporaire de l’eau lors des fortes pluies… Le lac n’est pas qu’un décor, c’est aussi un outil au service de la résilience face au changement climatique.

D’après l’Agence française pour la biodiversité, l’intégration d’un réseau de petits lacs et mares urbaines permet de restaurer jusqu’à 30 % des habitats initialement dégradés, bien au-delà de la simple plantation d’arbres (source : OFB, Trame verte et bleue).

Des usages pour tous : sports, détente et vivre-ensemble

Les lacs dans un écoquartier ne profitent pas qu’aux oiseaux. Ils deviennent des espaces hybrides entre nature, sport et pause sociale. Voici quelques usages majeurs observés dans des quartiers pilotes :

  • Pêche urbaine raisonnée : À Lille, le lac du parc de la Citadelle attire chaque année plus de 1 500 passionnés (source : Ville de Lille). La pêche en ville, si elle est encadrée, favorise le contact avec la nature et l’intergénérationnel.
  • Promenade et course à pied : Selon une étude de l’Observatoire des déplacements de Strasbourg, les sentiers autour d’un plan d’eau urbain sont parmi les zones les plus fréquentées pour la marche (1,7 promenade par semaine en moyenne, soit 35 % de plus avec un lac à proximité qu’un simple parc sec).
  • Jeux d’enfants et éducation à la nature : Un lac offre un espace idéal pour les animations scolaires (ex : repérage d’insectes aquatiques, ateliers sur le cycle de l’eau).
  • Espaces de pause familiale : Bords d’eau, promenades plantées, pontons de lecture ou pique-nique, lancent la dynamique de quartier vivant et ouvert.

Le retour d’expérience de l’écoquartier de la Cartoucherie à Toulouse montre qu’un plan d’eau attire spontanément tous les âges, des poussettes du matin aux étudiants du soir. L’eau fédère autour d’usages sobres, loin des équipements coûteux et rarement utilisés.

La dimension climatique : lacs et adaptation au changement

Loin d’être un simple atout esthétique, le lac urbain devient un outil face aux fortes chaleurs et aux épisodes pluvieux extrêmes. Plusieurs villes françaises l’ont intégré à leurs stratégies :

  • Ilôt de fraîcheur : Un plan d’eau crée un différentiel thermique ressenti de -2 à -4°C en pleine canicule, selon l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), grâce à l’évaporation et l’inertie thermique de l’eau.
  • Gestion des eaux pluviales : Un lac urbain sert de bassin d’orage naturel, évitant la saturation des réseaux et limitant l’inondation des voiries en cas d’orage.
  • Purification et filtration : Par la décantation naturelle et la végétation des berges, un lac capte une partie des polluants dissous ou en suspension dans les eaux de ruissellement urbain.

Des chiffres concrets : le lac de la Maourine à Toulouse absorbe jusqu’à 2 100 m³ d’eau lors d’un orage, réduisant d’autant la pression sur les canalisations (source : Toulouse Métropole).

Risques, conditions de réussite et gestion intelligente

Implanter un (ou des) lac(s) dans un quartier neuf, cela ne s’improvise pas. Les exemples en France le prouvent : si la place de l’eau est mal pensée au départ, on court vers l’échec. Points de vigilance :

  • Entretien régulier : Un plan d’eau mal géré devient vite eutrophisé (algues, odeurs), repoussant pour les riverains. Les plans de gestion prévoient souvent aérateurs, curages ponctuels, introduction d’espèces végétales filtrantes.
  • Sécurité : Aménagement de berges en pente douce, signalétique, jeux d’enfants à distance raisonnable, surveillance selon le contexte.
  • Concertation citoyenne : Tirer parti des expériences locales : à Besançon, la démarche « Parlons Vaites » a permis d’ajuster la taille, la profondeur et les abords du futur plan d’eau selon les attentes des habitants (source : Ville de Besançon).
  • Intégration paysagère : Le choix des matériaux, le dessin des berges, la place des circulations douces (pistes cyclables, sentiers piétons) font la différence entre un vrai lieu de vie et un simple bassin technique.

Des villes comme Chambéry (lac du Verney) ou Dijon (lac Kir) servent aujourd’hui de modèles : la réussite de leur intégration paysagère repose sur le mélange de nature spontanée, d’équipements sobres et d’une gestion continue, rarement visible mais indispensable.

Vers une attractivité durable : l’eau, le vivant, les habitants

Mettre l’eau et les lacs au cœur du projet Vaites, c’est parler à la fois à l’imaginaire, à la santé et à la qualité de vie. Les retours d’autres villes le prouvent à chaque saison. L’usage partagé de la nature, qu’il s’agisse de pêche douce, de balades, d’observation de la biodiversité ou de pause en famille, nourrit l’attachement au quartier et freine l’urbanisation grise.

Dans le contexte des Vaites, l’intégration bien pensée et gérée des lacs peut faire de l’écoquartier bien plus qu’une juxtaposition de logements et d’espaces verts. Elle offre une matrice vivante où se croisent nature, climat, diversité sociale et usages quotidiens. Les chiffres parlent, les retours terrain aussi : l’attractivité paysagère des quartiers d’eau tire la ville vers un avenir désirable et habité, pour tous.

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