Chatouillant la périphérie nord-est de Besançon, l’écoquartier des Vaites s’inscrit dans une dynamique urbaine moderne, où l’aménagement des espaces répond autant à l’exigence écologique qu’aux besoins de la population urbaine. Depuis 2009, ce quartier en développement privilégie la gestion intégrée des eaux, sachant qu’il se situe dans une zone dite « hydromorphe », c’est-à-dire régulièrement gorgée d’eau en surface ou en profondeur (source : Ville de Besançon, Dossier de presse Quartier des Vaites).
Les contraintes sont doubles : les sols sont argileux, peu filtrants, le bassin versant amont conduit naturellement de gros volumes d’eau lors d’épisodes pluvieux, et la zone, historiquement, était en partie marécageuse. Ce contexte impose des réponses à la hauteur, qui font du quartier un laboratoire grandeur nature pour la gestion durable de l’eau.
Plutôt que de miser sur des réseaux d’évacuation souterrains ou sur le tout-béton, la ville et ses aménageurs (SEDD, Ville de Besançon, Grand Besançon Métropole) ont fait le pari de créer, dès la conception de l’écoquartier, un ensemble d’ouvrages paysagers à ciel ouvert :
Ce choix structurel permet de répondre concrètement à plusieurs problèmes majeurs : l’évacuation du « tout-à-l’égout » arrive vite à saturation lors de fortes pluies ; le risque d’inondation est réel (le Doubs a connu plusieurs crues récentes, en 2013 et 2016 notamment) (source : Vigicrues.fr) ; et la demande sociale pour plus de nature en ville est croissante.
Lorsque de fortes pluies s’abattent—comme la crue de juin 2016 où Besançon avait vu tomber 78mm de pluie en 48 heures (source : Météo France)—les sols saturés des Vaites évacuent lentement l’eau, risquant d’inonder routes et habitations. Les lacs remplissent un rôle de tampon : ils recueillent, stockent, puis relâchent progressivement ces volumes excédentaires.
Avant d’arriver jusqu’au Doubs ou dans la nappe phréatique locale, les eaux de ruissellement traversent ces lacs, qui jouent le rôle de filtres naturels :
Les lacs de l’écoquartier jouent aussi un rôle, plus discret mais non moins crucial, dans la régulation thermique de l’espace urbain :
| Indicateur | Valeur | Source |
|---|---|---|
| Superficie totale des plans d’eau | 3,6 hectares | Ville de Besançon, 2024 |
| Capacité de stockage maximale | 30 000 m³ | Ville de Besançon, 2021 |
| Baisse locale des températures lors des vagues de chaleur | Jusqu’à -3°C | Ville de Besançon, Rapport 2022 |
| Nombre d’espèces végétales recensées sur les berges | 43 | Liste SEDD, Plan Paysage Vaites 2023 |
| Fréquence annuelle des épisodes de crues depuis 2015 | 2 à 3 | Vigicrues.fr |
| Part de l’eau de pluie infiltrée ou traitée sur site | Environ 80% | Ville de Besançon, Évaluation 2023 |
Les plans d’eau ne sont pas qu’utilitaires. Ils redonnent vie à des espèces parfois oubliées du cœur urbain :
D’un point de vue strictement pêche, la réglementation interdit pour l’instant toute session non encadrée dans ces lieux pour préserver leur équilibre, mais l’exemple inspire d’autres projets (Grand Nancy, Lyon Confluence).
Après plus de dix ans de fonctionnement, le système des lacs des Vaites prouve son intérêt, mais il requiert une surveillance et certains ajustements :
L’expérience des lacs de régulation des Vaites montre qu’il est possible de concilier urbanisation, réponse au risque hydrologique et développement de la biodiversité locale. De nombreuses agglomérations suivent la même direction en France, généralisant ainsi la présence de bassins, lacs et zones humides artificielles en zone urbaine nouvelle.
Pour l’avenir, les retours d’expérience locaux seront décisifs pour optimiser la gestion des eaux, renforcer la biodiversité, et faire des lacs urbains de véritables leviers d’adaptation au climat. La mixité des usages (promenade, pédagogie, observation de la nature) gagnera en importance, sous réserve de ne jamais sacrifier la fonction hydrologique ni l’équilibre des milieux.
À l’heure où la pression sur la ressource en eau s’accroît partout en France, les lacs urbains comme ceux des Vaites démontrent qu’une gestion inspirée du milieu naturel, ancrée dans la réalité locale, apporte des réponses concrètes et visibles au cœur du quotidien urbain.
Sources : Ville de Besançon, SEDD, Vigicrues.fr, INRAE, Observatoire de la Biodiversité de Franche-Comté, Météo France, Plan de paysage des Vaites, Rapports municipaux 2021-2023.