Situé au nord de Besançon, le quartier des Vaites s’est bâti en lien étroit avec ses espaces naturels. Parmi eux, les lacs locaux tiennent une place de choix dans la vie du quartier : le lac de Chailluz et les étangs de Brognard notamment, sans oublier les petits plans d’eau disséminés dans les zones humides alentours. Ce n’est ni la montagne, ni le grand lac sauvage, mais ce sont des lieux accessibles, gérés et investis par les habitants, les associations et parfois les écoles.
Au-delà du plaisir de la balade ou du pique-nique, ces plans d’eau remplissent un vrai rôle pédagogique que beaucoup sous-estiment. Ils servent tout autant à apprendre la nature qu’à l’expérimenter en vrai : on touche, on observe, on mesure, on participe. Un atout précieux, à l’heure où l’éducation à l’environnement est un défi majeur, et où la connexion avec le vivant se fait rare dans les milieux urbains.
Selon la LPO, plus de 80 espèces animales ont été identifiées sur les différents points d’eau du secteur, soit deux fois plus que sur les espaces verts urbains classiques autour de Besançon. Ce chiffre illustre la capacité des lacs à servir de réservoirs à biodiversité, mais aussi à stimuler la curiosité des riverains.
L’Education nationale encourage de plus en plus les sorties scolaires « hors les murs ». Les lacs des Vaites sont alors mobilisés comme supports pédagogiques privilégiés :
Sur l’année scolaire 2022-2023, ce sont près de 600 élèves de la métropole bisontine qui ont fréquenté ces lacs dans le cadre de sorties pédagogiques (chiffres fournis par la Ville de Besançon). Les retours des enseignants soulignent la capacité des élèves à mémoriser bien plus durablement ce qui est vu sur le terrain que lors d’une leçon classique.
La pêche en No-Kill — relâcher systématiquement les poissons, même pour les enfants — a fait l’objet d’ateliers dédiés, démontrant que la pédagogie des lacs, c’est aussi éduquer au respect. En 2023, ce type d’initiative a réuni plus de 120 jeunes du quartier autour du lac de Chailluz, selon la Fédération de Pêche du Doubs.
Les lacs ne sont pas des espaces figés. Les riverains, réunis via associations ou collectifs, participent activement à la préservation de ces milieux.
Les étés secs de ces dernières années ont popularisé dans le quartier des Vaites des animations autour de la gestion économe de l’eau. Les associations expliquent, au bord des lacs, comment fonctionne la recharge naturelle, l’importance des zones humides, ainsi que les dangers de leur urbanisation. Les ateliers “Eau et ville” (CPIE du Haut-Doubs, 2022-2023) ont réuni près de 300 participants, de tous âges.
En observant l’évolution du niveau des lacs au fil des saisons, jeunes et adultes se rendent compte concrètement que la protection de ces plans d’eau locaux, ce n’est pas qu’un enjeu de paysages, mais bien un facteur de résilience pour le quartier face au changement climatique.
Les lacs jouent un rôle de laboratoire naturel, incitant les habitants à devenir acteurs, et non simples spectateurs. Plusieurs projets “sciences citoyennes” invitent habitants, classes et associations à collecter des données utiles :
Ces activités débouchent souvent sur des restitutions publiques, sous forme d’expositions, de panneaux pédagogiques sur les berges, ou de discussions ouvertes avec les gestionnaires (Ville, ONF, associations).
Les lacs des Vaites, au-delà de leur présence paisible, constituent un outil d’éducation unique, adaptable à toutes les générations et tous les profils. Du simple plaisir de la contemplation naît la curiosité, puis la prise de conscience — et souvent, un engagement concret pour la biodiversité locale.
Aujourd’hui, l’enjeu est aussi d’éviter le repli sur soi de certains milieux associatifs, et d’encourager une ouverture toujours plus large : jeunes, familles, seniors, habitants de toutes origines… Les projets les plus réussis sont ceux qui mélangent usages : pêcheurs, promeneurs, familles, naturalistes, scolaires. Les plans d’eau des Vaites ne sont pas réservés à une élite. Leur force pédagogique vient justement de cette accessibilité.
Dans un monde toujours plus urbain, garder ce lien de pédagogie directe, sans écran ni artifices, entre l’humain et les cycles naturels apparaît comme un enjeu majeur pour les années à venir. Les habitants des Vaites, à travers leurs lacs de proximité, disposent d’un formidable terrain de jeu et d’apprentissage : il ne tient qu’à eux de le préserver et d’en faire bénéficier le plus grand nombre.