Les villes changent, les cités se réinventent, et jamais la question de l’eau n’a été aussi centrale dans l’aménagement urbain qu’aujourd’hui. A Toulouse, la Garonne, le canal du Midi et la multitude de lacs creusés ou naturels rythment le quotidien des habitants et structurent la vie locale. Mais comment ces étendues d’eau peuvent-elles inspirer, nourrir, voire transformer un projet urbain d’envergure comme l’écoquartier des Vaites, à l’autre bout de la France, à Besançon ?
Situé au nord de Besançon, l’écoquartier des Vaites s’inscrit dans une dynamique nationale de transition urbaine durable. Construction économe, maîtrise des consommations énergétiques, diminution de l’artificialisation des sols, mobilité douce, inclusion de la nature et gestion raisonnée de l’eau : tous les piliers d’un urbanisme responsable y sont à l’étude ou déjà mis en pratique (Source : Ministère de la Transition écologique, 2023).
Toutefois, le site pâtit d’une problématique bien connue à Toulouse : comment intégrer des espaces aquatiques et naturels au cœur d’un urbanisme dense, pour garantir à la fois la biodiversité, le confort de vie et la résilience écologique ? Toulouse, de par sa géographie et son vécu, dispose d’un retour d’expérience précieux. Les lacs périphériques (Lac de la Ramée, Lac de Sesquières, Lac de la Reynerie…), au-delà de leur dimension récréative, remplissent des fonctions écologiques et sociales majeures, souvent sous-estimées par les bureaux d’études ou maîtres d’ouvrage.
Les études menées sur les lacs de Toulouse montrent que la création de zones humides, de roselières et de berges végétalisées entraîne un rebond rapide de la biodiversité locale. Par exemple, le renforcement des végétaux aquatiques au Lac de la Reynerie a permis la réapparition de plusieurs espèces d’insectes et d’oiseaux patrimoniaux dès la première année (Source : Observatoire des Zones Humides, 2021).
Pour les Vaites, intégrer de véritables lacs (même de taille modeste : 2 à 10 ha), entourés de ceintures naturelles et connectés à la trame verte urbaine offrirait plusieurs bénéfices concrets :
Les lacs de Toulouse font office de véritables bassins d’orage. Un modèle à adapter pour les Vaites : capter puis restituer progressivement les eaux de pluie, limiter le ruissellement lors d’orages intenses et améliorer la qualité finale de l’eau rejetée en milieu naturel.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
En été, Toulouse enregistre souvent 6 à 8 nuits par an où la température nocturne ne descend pas sous les 23°C (Source : Météo-France, 2022). La présence des lacs rafraîchit l’air : plusieurs campagnes de mesure montrent un abaissement localisé de 1,4 à 3°C autour des berges, un effet qui peut s’étendre jusqu’à 400-500 m dans les quartiers adjacents. Pour les Vaites, ce levier est crucial pour préparer la ville aux canicules de demain.
L’expérience toulousaine le montre : intégrer un lac, même modeste, c’est créer un espace public fédérateur. Près de 50 % des riverains du Lac de Sesquières citent la proximité de l’eau comme premier critère d’attachement à leur quartier (Enquête IFOP, 2021).
Les points forts relevés :
Malgré les succès, tout n’est pas rose :
Pour que les Vaites profitent des enseignements toulousains, il est donc crucial :
Concrètement :
La diversité des lacs toulousains (artificiels, naturels, agricoles réaménagés…) offre une palette unique pour inspirer d’autres villes. Leur histoire, longue de plusieurs décennies, permet d’anticiper les écueils, corriger les erreurs et renforcer les réussites dans une optique de résilience climatique et sociale. L’expérience locale, documentée et suivie, constitue un véritable laboratoire d’idées pour tous les concepteurs d’écoquartiers en France — à commencer par celui des Vaites.
Nourrir le projet bisontin avec ces enseignements, c’est offrir aux futurs habitants des Vaites non seulement un meilleur cadre de vie, mais aussi l’opportunité de recréer un lien fort avec la nature même en pleine ville. C’est enfin faire du plan d’eau, non pas un vide dans la ville, mais un véritable cœur vivant du quartier.