L’écoquartier des Vaites : Quels loisirs demain autour des lacs ?

Le projet d’écoquartier des Vaites : contexte et ambitions

Le projet d’aménagement des Vaites à Besançon concerne près de 34 hectares, dont une partie accueille des zones humides et des plans d’eau (source : Site de la Ville de Besançon). Au cœur du projet : la préservation du patrimoine naturel, la mixité sociale et la création de nouveaux espaces de vie. L’opération prévoit à terme :

  • Près de 1 150 logements (dont 30 % sociaux),
  • Plusieurs kilomètres de voies douces,
  • La création de 8 hectares d’espaces verts,
  • La mise en valeur de deux principaux plans d’eau.

L’objectif assumé : ouvrir ces plans d’eau au public tout en préservant leur diversité écologique. Cela implique des usages encadrés, favorisant bien-être, sport et découverte de la nature.

Les aménagements prévus autour des lacs

Les documents consultatifs et études d’impact donnent la tendance. La Ville mise sur un aménagement « à la carte », pour concilier loisirs et respect de la biodiversité.

  • Chemins piétons et cyclables : Des boucles autour des lacs seront aménagées, accessibles à tous (familles, joggeurs, PMR). Ils déboucheront sur la trame verte de l’écoquartier et les liaisons avec la forêt de Chailluz.
  • Espaces de détente : Berges enherbées, coins pique-nique, bancs, oiseaux à observer. L’idée : des ambiances variées — pas un immense parc minéral, mais plusieurs petits « salons de nature ».
  • Ponts et plateformes : Des platelages bois sont évoqués pour accéder à certaines zones (point de vue, pêche, observation), avec un balisage qui limite les intrusions.
  • Signalétique pédagogique : Panneaux sur la faune, la flore, l’histoire du quartier et la gestion de l’eau.

Ces dispositifs visent à canaliser la fréquentation, éviter les dérangements des zones sensibles, tout en permettant des expériences riches et variées.

La pêche : un usage discuté mais envisagé

La question de la pêche de loisir revient régulièrement lors des ateliers urbains et réunions publiques. La Fédération de Pêche du Doubs (FDPPMA 25) a plaidé pour l’ouverture raisonnée de certaines berges, du moins sur une partie des lacs, pour garantir :

  • La continuité de la tradition halieutique locale,
  • La sensibilisation aux bonnes pratiques (no-kill, tailles minimales, pêches respectueuses),
  • La préservation des espèces autochtones (brochet, perche, gardon entre autres sur ce type de milieux).

À noter : ces lacs sont d’origine anthropique, issus de remblais ou d’anciennes gravières, et leur biotope évolue constamment. Les expertises menées en 2022 ont révélé la présence de poissons blancs, mais aussi une bonne diversité de macro-invertébrés (source : Rapport sectoriel d’impact, Géo-écologie SIGMA).

Conditions potentielles d’exercice

  • Pêche à pied exclusivement : Pas de barques, ni float-tubes — pour éviter le dérangement.
  • Parcours à horaires limités : La pêche pourrait être autorisée en dehors des périodes de reproduction (printemps), en journée uniquement.
  • Créneaux famille/jeunes : Ateliers et initiations encadrés, notamment aux leurres artificiels et à la remise à l’eau.
  • Parcours « no-kill » généralisé : Pour maintenir la population piscicole.

De tels dispositifs sont déjà en place dans plusieurs écoquartiers français (cf. Ile-de-France : Parc du Sausset, Lyon Confluence), avec des retours positifs sur le dialogue pêcheurs/riverains.

Sports nature et mobilités douces : des usages plébiscités

Les futurs riverains et visiteurs sont déjà nombreux à souhaiter pratiquer d’autres loisirs « actifs » que la pêche :

  • Course à pied, marche, VTT : Boucles de 1 à 2 km, facilement praticables, sont annoncées. À Lyon Confluence, ce type de parcours a vu jusqu’à 1 500 passages quotidiens (compteur Eco-Compteur, 2022).
  • Sports de glisse douce : Canoë, paddle ? Non retenu pour les Vaites, car jugé trop perturbant pour la faune et compliqué à cohabiter avec les zones protégées.
  • Yoga, gym douce, méditation : Quelques pelouses et plateformes seront pensées pour accueillir ces pratiques, à l’écart des déplacements rapides, souvent en surplomb ou en retrait.

Les enjeux de cohabitation sont donc pris au sérieux par la Ville, qui promet une concertation continue avec les clubs locaux, associations et usagers pour adapter les horaires, les flux et les surfaces attribuées à chaque pratique.

Préservation de la biodiversité : priorité claire dans les usages

C’est le socle du projet. 2020-2023 a vu plusieurs associations naturalistes (LPO Franche-Comté, FNE Bourgogne-Franche-Comté) réaliser des inventaires :

  • 37 espèces d’oiseaux nicheurs recensées, dont plusieurs protégées (râle d’eau, grèbe huppé, martin-pêcheur),
  • Des amphibiens remarquables (triton crêté notamment, espèce européenne en régression),
  • Des libellules (odonates rares comme Lestes dryas),
  • Et plusieurs espèces végétales patrimoniales en bordure.

Conséquence : des « refuges naturels » seront strictement interdits d’accès au public une partie de l’année (frayères, roselières). Tout aménagement sera précédé de diagnostics écologiques, et une zone de quiétude couvrira près de 2 hectares, soit presque 30 % des zones humides du quartier.

Des usages pédagogiques et collectifs

Les lacs des Vaites sont aussi conçus comme lieux d’apprentissage :

  • Sentiers-nature balisés, animés par les associations locales (ateliers ornitho, botanique, observation des amphibiens),
  • Classes d’eau : Accueil de groupes scolaires pour des ateliers sur le cycle de l’eau, la vie aquatique, la gestion urbaine des milieux naturels,
  • Expositions temporaires et festivals : L’écoquartier ambitionne d’accueillir au moins deux événements par an mêlant art, culture locale, sensibilisation environnementale.

Ce type d’offre s’inspire de réussites telles que le Parc de la Deûle à Lille ou le lac de la Bergeonnerie à Tours.

Quels risques de sur-fréquentation ? Quels garde-fous ?

L’expérience des autres écoquartiers montre que l’attractivité peut générer des conflits d’usages ou des pressions inattendues. Aux Vaites, plusieurs mesures sont prévues :

  • Compteurs de passage sur pistes et pontons,
  • Aménagement progressif des accès selon le retour d’expérience,
  • Signalisation dissuasive dans les zones fragiles,
  • Travail avec les écoles, clubs sportifs, associations pour relayer les « bons comportements ».

L’objectif affiché par la municipalité : éviter « l’overdose » qui transforme un lac en autoroute à promeneurs ou en « plage urbaine » surchargée en été, comme vu par endroits (exemple : Lac du Crès dans l’Hérault).

Ouverture : ambitions, équilibre, vigilance

L’avenir des lacs de l’écoquartier des Vaites s’écrit d’abord dans l’écoute : celle de la nature, celle des habitants, celle des multiples usages récréatifs. La réussite du projet dépendra de la capacité à tester, ajuster, dialoguer. Les plans d’eau urbains bien gérés ailleurs en France démontrent qu’une cohabitation respectueuse est possible. C’est le pari des Vaites : transformer un espace sensible en écrin de vie partagée, où la pêche, la balade, le sport et la contemplation sont des alliés — jamais des adversaires.

À suivre, la concertation publique en 2024 : chacun pourra encore influer sur les priorités. Y participer, c’est déjà s’approprier le lac de demain.

Sources : Ville de Besançon (documents d’urbanisme), Fédération de Pêche du Doubs, FNE Bourgogne-Franche-Comté, LPO Franche-Comté, Géo-écologie SIGMA, presse locale (L’Est Républicain), sites officiels des écoquartiers du Sausset, Confluence, Parc de la Deûle.

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